« La théorie naît de la pratique »
Cela peut donc sembler paradoxal que ce « passage à l’acte » puisse se faire à distance, loin de toute réaction suivie d’une action.
Mais les temps ont changé et le système économique ne permet plus autant de libertés qu’il y a quelques décennies.
Après tout, on peut comprendre, apprendre, en étant auditeur libre dans une grande école ou conservatoire.
Donc, changeons notre fusil d’épaule et aventurons-nous dans l’exploration des différentes techniques à condition de garder un esprit curieux, de rester autodidacte et essentiellement autocritique.
Il ne s’agit pas de l’intelligence artificielle mais plutôt de deux attitudes capitales pour le travail de l’acteur : L’identification et l’adaptabilité.
S’identifier à quelqu’un ne veut pas dire « l’imiter », mais au contraire aller plus loin que la simple imitation et comprendre en détaille la complexité d’une personnalité, ou son extrême simplicité.
Pour cela il faut que l’artiste puisse être souple de corps et d’esprit.
Ce dépaysement est très important, car même s’il doit partir de ce qu’il est il pourra devenir plus lent, plus rapide, plus ratatiné, plus élancé…en étant toujours lui-même.
De la même manière, son psychisme souple lui permettra de sonder les parties les plus sombres ainsi que les plus lumineuses.
Donc par « substitution » il comprendra sa part de samaritain ou d’assassin, dé généreux ou de radin, de méfiant ou de confiant, etc.
Méfions-nous donc d’un discours simpliste qui consiste à dire :
« Sois sincère »
« Sois toi même »
« Sois naturel »
Déjà il est extrêmement difficile de savoir si on est soi-même dans la vraie vie, car le personnage social est, malgré nous, construit de toutes pièces.
Se connaître soi-même, oui !
Rester fidèle à soi-même oui !
Rester soi-même non !
Cela impliquerait une notion néfaste de stagnation et de non-évolution.
Il faut bien se rappeler que nos sommes fait de corps et d’esprit.
Donc l’art dramatique n’est aucunement une thérapie, mais il peut et heureusement avoir une fonction thérapeutique !
Autrement, tous ceux et celles qui sont en thérapie seraient de grands artistes dramatiques, et ce n’est pas le cas.
Au passage je précise que le mot « drame » est souvent associé à celui de « tragédie » alors qu’étymologiquement il veut dire simplement « Action ».
En ce qui concerne le corps, pareil :
De la souplesse avant tout, sauf si on s’oriente vers des rôles vraiment physiques (Jason Stathan ou J.C Van Damme)
Un corps trop musclé devient raide.
En réalité il faut une grande discipline (voire de l’autodiscipline) pour faire régulièrement des exercices (Yoga de la chaise) de la marche, du vélo ou du footing.
Le mouvement oxygène le cerveau et par conséquent la totalité de nos cellules.
Et on arrive à la voix !
Elle a besoin d’un grand travail de stretching musculaire.
Une préparation vocale défaillante peut dénaturer la plus belle intention de l’interprète.
Notre société est devenue de plus en plus narcissique, donc l’image prime, souvent au détriment de la voix.
Le grand Orson Wells, lors d’une interview réalisée peu de temps avant sa mort, a dit que s’il devait refaire sa filmographie, il choisirait les actrices et les acteurs par leur voix et non seulement par leur photogénie !
Le regard : La cerise sur le gâteau !
Il y a plein d’exercices pour les différentes intensités du regard qui appartiennent à la famille de ceux proposés par un orthoptiste.
Le port de lunettes limite, avec le temps le champ visuel et le travail musculaire des yeux.
« On peut avoir de beaux yeux mais pas un beaux regard »
Plus globalement, le visage est un concentré de paysages pour nourrir un gros plan, autant pour ce que l’on a à dire que pour ce que l’on a à cacher, selon le personnage et la situation.
Le « Yoga du visage » est essentiel pour la maîtrise de chaque muscle, ce qui nous permet d’exprimer avec justesse ce que la scène demande, évitant d’avoir un visage inexpressif ou au contraire plein de grimaces.
Voilà en quelques mots, le parcours qu’on doit prendre au début du chemin et ne jamais le quitter.